FONTAINES DES ENFANTS TROUVÉS
QUOI: FONTAINES DES ENFANTS TROUVÉS / Fontaines de l'Hospice des Enfants Trouvés / Fontaines de l'Hôpital de la Manufacture / Fontaines de l'Hôpital des Métiers.
QUI: Ingénieur fontainier: Pierre de Goyer de la Rochette
OÙ: Enceinte du Château DESCAS, 3 Quai de Paludate, (ancien Hôpital de l'Enquêteur / Limes, puis Hôpital de la Manufacture / Hôpital des Métiers / Hospice des Enfants trouvés / Hôpital des enfants exposés.)
QUAND: Création: 1701-1702, Destruction: 1890-1893.
COMMENT:
> NATURE/CONSTRUCTION: En pierre, en forme de bornes hexagonales, munies chacune d'une coupole, d'une boule en leur sommet, d'un bassin et d'une volée de marches pour leur accès en contrebas.
> ÉTAT: Disparues lors de la construction des chais du Château DESCAS.
COMBIEN: 1 première fontaine au milieu de la cour, remplacée ensuite par 2 fontaine.
POURQUOI: Fournir de l'eau potable aux patients de l'établissement hospitalier.
CONTEXTE
1er HÔPITAL: Hôpital de l'Enquêteur(/Enquesteur) ou Hôpital de/du Limes
Les 2 hôpitaux, Hôpital d'Arnaud Guiraud et celui de l'Enquêteur (nom de l'officier préposé au contrôle sanitaire des malades) ou hôpital de Limes, avaient été établis lors de l'épidémie de peste de 1585-1586. Le 1er février 1586, le parlement avait autorisé les jurats à vendre l'enclos de Bouglon aux fins d'acquérir pour 750 écus le bourdieu du défunt Limes dans le but d'y établir un hôpital de la peste. Le 9 octobre suivant, la jurade avait acheté à Nicolas Dupuy pour 1 200 écus le bourdieu d'Arnaud Guirault, composé de « maison, grange, cave, chay, appends, jardin et puys, le tout entouré de murailles ». Les 2 établissements servirent dès 1604 et lors des crises ultérieures : Arnaud Guiraud pour les soins et une quarantaine, Limes pour les convalescents.
Une fois l'épidémie enrayée, les jurats faisaient nettoyer les hôpitaux, rouvrir les écoles, et la vie reprenait son cours normal. Au commencement du XVIIème siècle il n'y avait plus de malades, ainsi en 1601 les jurats affermèrent le bâtiment et ses dépendances. Au mois d octobre 1632 une ferme pour trois ans avait été passée au prix annuel de 150 liv. Le fermier laissa les terres en friche... La construction sur ce terrain de l'hôpital de la Manufacture fit résilier le bail et amena la disparition des anciennes constructions. En septembre 1663 il fut convenu avec les Bénédictins de Sainte Croix qu'ils céderaient à la ville une partie de quatre journaux du domaine de feu Pénissaut pour y construire un hôpital destiné à remplacer celui de l’Enquêteur pour le désinfectement des pauvres. Après quelques difficultés les Bénédictins reçurent la somme de 1,200 livres pour prix de ce terrain plus 60 livres pour lods et ventes et indemnités. Les constructions commencèrent à l'aide du produit des droits de désinfectement des vaisseaux et marchandises venant des lieux suspects de contagion. Ainsi disparut l'hôpital de l'Enquêteur pour faire place à la maison de la Manufacture...
2 ème HÔPITAL: Hôtel-Dieu / Hôpital de la MANUFACTURE / des MÉTIERS / Hospice des ENFANTS TROUVÉS
L'hôpital de la Manufacture ou "hôpital des métiers" trouve son origine en 1619 dans le testament de Mademoiselle de Tauzia, (veuve de M. de Brezets, conseiller au Parlement de Bordeaux. Voir §"M'Enfin" en bas de page...) où elle légua 30 000 écus pour que fut établi, un hôpital ou un hôtel-Dieu "le plus beau qu'il serait possible d'édifier". (C'était, pour l'époque, une initiative tout à fait novatrice que Madame de Tauzia avait conçue dans l'esprit du généreux courant caritatif qu'avait suscité Saint Vincent de Paul en ce début du XVII ème siècle. Et ce n'est pas un hasard si, à quelques pas de là, dans l'actuel quartier Saint Jean, au plus près de la gare, on trouve encore une rue de Tauzia et une rue Saint Vincent de Paul.)
La construction de l'hôpital de la Manufacture entreprise en 1624 fut retardée par la Fronde. L'architecte est probablement Jacques Lemercier. Le maître maçon Jacques Robelin et Pierre-Michel Duplessis prennent en charge le chantier à partir de 1656. La construction ne fut réellement achevée qu'en 1661... Les lettres patentes du roi datent du 6 juin 1662. La Manufacture devint l'hôpital général de Bordeaux par opposition à l'hôpital Saint-André qui faisait fonction d'hôtel-Dieu et auquel se trouvait dévolu le soin du corps.
Créé à l'instar et immédiatement après l'hôpital de la Charité à Lyon, l'hôpital de la Manufacture ne doit donc pas être considéré comme un hôpital stricto sensu, mais plus comme une maison de secours ouverte aux personnes des deux sexes, du premier et du dernier âge qu'on occupait suivant leurs aptitudes et leurs métiers à travailler à des ouvrages manuels. Cette vocation première fit que, progressivement, bon nombre des autres établissements hospitaliers bordelais lui furent rattachés. Ainsi en 1728 -1729, l'hôpital de la Manufacture se voit doter de 6 loges pour l'enfermement des aliénés. Il intégra, en décembre 1772, les fonctions jusqu'alors attribuées à l'hôpital Saint-Louis. Tout au long de leurs existences parallèles, l'hôpital Saint-Louis, ainsi que l'hôpital de la Manufacture, connurent des difficultés budgétaires considérables dues certes aux manques de moyens mais aussi et surtout, à une surpopulation chronique.
Il a accueilli les enfants trouvés, abandonnés ou en difficulté jusqu’en 1888. Ces enfants pouvaient être regroupés en 3 catégories en 1811:
Les enfants trouvés dont les parents ne sont pas connus – ce sont les plus nombreux jusqu’en 1852.
Les enfants abandonnés nés de parents connus qui d’abord élevés par eux ou par d’autres personnes, en sont délaissés, sans qu’on sache ce que les pères et mères sont devenus.
Les subsistants : leurs parents sont connus. Ils sont placés provisoirement.
Par la suite, certains jeunes ont été classés dans les indigents, orphelins, etc.
L'hôpital de la Manufacture, administré par un bureau présidé par l'archevêque et composé de membres du Parlement, de jurats, de magistrats et d'hommes de loi, comptait en 1781, 678 enfants exposés ; ils étaient 899 en 1789. De 1775 à 1784, l'afflux des enfants conduisit les administrateurs à multiplier les démarches pour trouver des ressources. Un mémoire en ce sens fut adressé à Necker par le Parlement de Bordeaux.
La période révolutionnaire accentua les difficultés ; en 1792, les revenus passèrent ainsi de 130 217 livres à 53 661 livres pour un montant de dépenses de 166 154 livres. Cette paupérisation entraîna outre une vie quotidienne déplorable, la fermeture des ateliers.
La réintégration des Filles de la Charité, chassées sous la Révolution, réactiva l'industrie des ouvroirs. Des entrepreneurs privés s'intéressèrent à cette activité laborieuse. Nous disposons de 1818 à 1836, de plusieurs inventaires des métiers enseignés, extrêmement divers : sabotier, menuisier, tailleur, cordonnier, tonnelier, maçon, vannier et tisserand. Pendant la période révolutionnaire la paupérisation entraîne la fermeture des ateliers.
Progressivement la médecine intégra l'hôpital de la Manufacture. Par exemple, sur 296 enfants authentiquement abandonnés en 1859, 76 devaient décéder à leur entrée et plus de la moitié étaient malades. Le service de chirurgie enregistra cette année-là, l'hospitalisation de 149 enfants.
Du vaste ensemble du XVIIème siècle, il ne subsiste pratiquement rien sinon un petit pavillon situé au n°12 de la rue Peyronnet...(voir §"M'Enfin" plus bas). Remplaçant l'Hospice des Enfants Assistés ou de la Manufacture du quai de Paludate, un nouvel Hôpital-Hospice des Enfants Assistés est construit de 1883 à 1886, route de Bayonne (actuellement cours de l'Argonne), d’après les plans de l'architecte Jelineau. L'ouverture aura lieu le 1er octobre 1886, et l'inauguration le 28 avril 1888 par le président de la République M. Sadi Carnot. (Président qui eut jadis sa statue à Bordeaux: https://www.bordeaux-qqoqccp.com/themes/statues-de-bordeaux/statue-sadi-carnot)
FONTAINES ET SOURCE
1ère FONTAINE
Un extrait des "Actes de l’Académie Royale (Nationale) des Sciences, Belles-Lettres et Arts de Bordeaux: Analyses chimiques des eaux de la Gironde " et le plan ci-dessous montrent non seulement qu’originellement il n'y avait qu'une seule fontaine au milieu de la cour, mais aussi qu'elle était alimentée via une conduite souterraine. Elle remplissait apparemment ensuite un bassin/lavoir(?) qui se déversait finalement dans l'Estey de Bègles qui rejoignait la Garonne. Cette fontaine originelle était alimentée principalement par les "sources Saint Vincent", mais aussi par la "source du Tombeau" et une 3ème source (sans nom sur le plan).
L'ancien Chemin de Saint-Vincent, près d'un vignoble de Graves existait encore en 1850. Il tenait son nom de la chapelle de Saint-Vincent de Ladors/Lados (aussi nommé Saint-Vincent de Graves), édifice du XIIe siècle qui était à l'origine situé à l'emplacement où se trouve la rotonde du dépôt des locomotives. Cette chapelle était située en face et à l'extrémité du chemin d'Aubidey, sur l'emplacement du dépôt des machines de la gare du Midi, sur la cinquième voie de remise à gauche, par rapport à l'entrée qui se trouve côté est11. Elle avait été édifiée par la confrérie des vignerons au lieu-dit Ladors ou Ladoue, dans une zone plantée de vignes et traversée par le ruisseau d'Ars, venant du moulin d'Ars. Il y avait un clocher avec sa cloche, une statue de la Vierge et une statue de Saint-Vincent tenant une grappe de raisin à la main.
Malgré plusieurs réparations après la Révolution, la chapelle qui appartenait à la paroisse Saint-Nicolas de Graves, fut détruite après 1790.
L'appellation ancienne du chemin de Saint-Vincent disparaît et il n'en restait que l'enseigne d'un lavoir situé rue de Gravelotte. En 1861, la rue est créée, longeant la voie ferrée vers Bayonne, sous le nom de rue de la gare.
D'autre part, la Banque de données du Sous-Sol (BSS) situe aussi à Bègles la source de la Fontaine des Enfants trouvés à ces coordonnées GPS: -0,56210 ; 44,81461. (Code BSS: 08272X0096/HY) : Flèche Jaune ci-dessous. Elle se situe donc juste à côté à côté de l'ancienne usine Pichard et proche de la rotonde ferroviaire...
(Note: A cet endroit se trouve toujours actuellement une pompe servant pour l’eau industrielle et les bornes incendie).
De plus, au sein du domaine ferroviaire on pouvait également trouver une plaque de 1856 (aujourd'hui disparue) rappelant la conduite d'alimentation en eau des 2 fontaines (flèche rouge ci-dessous).
Il est probable que la source était une résurgence du ruisseau d'Ars (alias "le Serpent") qui passe à quelques rues de la rotonde SNCF avant de rejoindre l'Estey Majou... (voir ci-dessous)
LES 2 FONTAINES "DES ENFANTS TROUVÉS"
Le 11 Juillet 1701, un traité est en effet passé entre les administrateurs de l'Hôpital de la Manufacture et l'ingénieur Pierre de Goyer de la Rochette, pour mener dans cet établissement une partie des eaux provenant des sources de Saint-Vincent... Par la suite il établira deux fontaines dans la cour intérieure, de part et d'autre de l'allée d'arbres...
Sur les illustrations ci-dessous, à l'instar des fontaines du Poisson Salé et de Nansouty (voir ici: https://www.bordeaux-qqoqccp.com/themes/fontaines-de-bordeaux/fontaine-nansouty), ces fontaines semblent être des bornes hexagonales, avec chacune une coupole, une boule au sommet et un bassin. Comme la fontaine de la Grave (voir ici: https://www.bordeaux-qqoqccp.com/themes/fontaines-de-bordeaux/fontaine-de-la-grave), sur laquelle a d'ailleurs œuvré Pierre de Goyer de la Rochette, leur base semble être en contrebas et accessible via 3 escaliers de 5 marches...
La cour était apparemment régulièrement inondée à chaque grande marée et l'établissement dût être abandonné en 1887...
Jean Descas acheta en une seule fois les terrains de l’ancien hôpital de la Manufacture pour y installer ce que l’on appellera plus tard pompeusement le "Palais Descas". Sa construction dura seulement trois ans de 1890 à 1893. C'est sans doute à cette occasion que disparurent les 2 fontaines de la cour... Ci-dessus un plan des chais (avec les 2 fontaines en transparence: flèches rouges), et ci-contre une vue aérienne de 1922 où l'on aperçoit les chais construits dans l'ancienne cour où se trouvaient les 2 fontaines (points jaunes). Ces chais furent détruits plus tard (voir plus bas §"M'Enfin"), et l'activité viticole du château Descas s’interrompt dans les années 1970...
Il devient en 2001 le cabaret "Caesar’s", qui disparaît en 2003 pour des raisons de trésorerie. Puis la discothèque "Rikiki Palace" prend la suite, pour fermer elle aussi ses portes suite à des problèmes de caisse. Enfin, le restaurant-club "Mystic" prit le relais. Une expertise pointant des problèmes de sécurité consécutifs à des travaux conduit, là aussi, à la fermeture de l’établissement en 2007. S’en est suivi un véritable imbroglio judiciaire, la SCI propriétaire du bâtiment se retournant contre la mairie de Bordeaux...
Depuis, une bataille judiciaire oppose Descas et la ville de Bordeaux autour de travaux non-autorisés effectués dans l'immeuble (dont la destruction du troisième étage et l'ajout de structures de soutènement métalliques), constatés lors de l'état des lieux en fin de bail en 2003. Descas réclame 6 millions d'euros pour la remise en état du lieu, qui est pourtant resté ouvert pendant l'époque Rikiki Palace et Mystic. En attendant l'issue judiciaire, le lieu est aujourd'hui fermé et vide, bien qu'entouré par deux ailes occupées par diverses sociétés, associations et même un bar, le Point Rouge, sans oublier la résidence pour personnes âgées Le Pont Saint Jean...
M'ENFIN !?
ANECDOTES ET INFORMATIONS ANNEXES
LE TRAVAIL C'EST LA SANTÉ... 😊 VUES DE L'HÔPITAL DE LA MANUFACTURE / DES MÉTIERS / HOSPICE DES ENFANTS TROUVÉS
" BRETZELS "... 😊 "BELLE GOSSE"... 😆
Anne de Tauzia vécut au début du 17° siècle. En 1624 elle est veuve de Pierre de Brezets, conseiller au Parlement de Guyenne qui siège au Palais de l’Ombrière, sombre bâtisse aujourd’hui disparue, non loin de la Porte Cailhau. Ce Pierre de Brezets laisse à sa veuve une fortune considérable. La veuve s’organise par testament et réserve une somme de 90 000 écus et des biens suffisants pour financer la construction d’un Hospice des Enfants abandonnés. Elle institue exécuteurs testamentaires, le cardinal François de Sourdis et M. de Pontac, influent parlementaire et grand propriétaire. Ils devront créer cet hôpital des enfants abandonnés dans le quartier de Paludate, mais en veillant à ce qu’il soit « aussi beau et relevé » que l’hôpital Saint André ! Cet hospice des enfants abandonnés est resté en activité jusqu’en 1888...
" TOURNICOTI, TOURNICOTON " : UNE HISTOIRE D'ENFANTS ... 😨
LE "TOUR": C’est par ce moyen que le nourrisson faisait son entrée officielle dans la société. Comme bon nombre d’autres établissements de ce type, la Manufacture avait le sien. La boîte située près de la porte principale se composait d’une barrique vide dont on avait scié dans le sens vertical près de la moitié des douves, de façon à conserver intacte la partie inférieure. La barrique était montée sur un pivot central. Un autre pivot la maintenait dans sa partie supérieure et c’est ainsi qu’elle pouvait tourner facilement sur elle-même. Elle était placée juste derrière la façade principale de la maison et communiquait avec l’extérieur par une large baie circulaire pratiquée dans le mur, à hauteur d’appui. A travers cette ouverture on passait l’enfant que l’on déposait dans la barrique.En faisant pivoter le dispositif sur lui-même, l'enfant disparaissait et se retrouvait à l'intérieur de l'hospice sans qu'aucun contact matériel ou même seulement visuel, ait pu être établi entre la rue et l'intérieur du bâtiment. On comprend qu’on ait pu y introduire non seulement le nouveau-né, mais plusieurs enfants, de toute taille, même âgés de plusieurs années. On sonnait et les sœurs grises venaient prendre le petit abandonné ». Ces enfants étaient quelquefois porteurs d'un signe tel qu'un bout de ruban ou une cordelette dont la mention était soigneusement consignée sur le registre d'accueil en même temps que la date et l'heure de leur dépôt. Après avoir été baptisé, l’enfant rejoignait la crèche. Les enfants, quoique en grand nombre (1021 pour la seule année 1724...), y étaient soignés et recevaient le lait de nourrices qui étaient payées par l administration civile des hospices.
Tous les textes mentionnent une mortalité très importante, imputable à de multiples causes : mauvaise santé de la mère, accouchement difficile, modalités de transfert périlleuses, hygiène défectueuse, allaitement mal adapté, etc.
Ce dispositif perdura fort longtemps. Il ne devait être abandonné qu'en 1861.
Et il y avait les formalités administratives :
Dès l’arrivée de l’enfant, une rubrique sur un grand registre porte un certain nombre d’informations le concernant : les circonstances de son entrée à la manufacture, (exposé dans le tour, recueilli dans la rue, apporté par le directeur de la Maternité), sa vêture, éventuellement un signe distinctif (ruban, morceau de tissu). Parfois on joignait, agrafé ou collé, un billet ou le signe distinctif, la « marque » qui permettrait éventuellement à la mère de retrouver trace de son enfant et de le reprendre. Si cette dernière hypothèse évoluait positivement il était mentionné que l’enfant était « remis » à sa mère. On donnait au nourrisson un patronyme et un prénom sans lien avec son identité même lorsqu’elle était connue – ce qui était le cas des enfants nés à la Maternité. Il recevait un numéro qui était porté sur le registre de l’hospice et également sur le registre de l’état civil de la ville de Bordeaux. Car, quelle que soit son origine – il peut venir de départements extérieurs et certaines personnes faisaient office d’intermédiaires - une inscription était portée sur les registres de naissance de la ville de Bordeaux. C’est ce même numéro qui était porté sur un collier qui était changé quand l’enfant grandissait ; plus tard, on a préféré mettre des boucles d’oreilles aux filles et aux garçons. Toujours sur ce même registre noté ci-dessus, était porté ce qu’il advenait de l’enfant dans les jours qui suivaient.Bien souvent « décédé le … ». L’histoire de cet enfant s’arrêtait là.
En ce qui concerne les survivants, des petits dossiers regroupent des traces de la vie l’enfant, complétant les informations figurant sur le registre: séjours chez des familles, mariage, ou problèmes divers liés à l’enfance ou à l’adolescence de ces enfants ou très jeunes adultes.
Les enfants étaient mis en nourrice dans le nord-Gironde, le sud de la Charente-Inférieure, de la Charente et dans l'est de la Dordogne.
Les enfants vont être accueillis dans des familles nourricières à la campagne, loin de Bordeaux : le Blayais, le sud de la Charente-Maritime, de la Charente et le nord-ouest de la Dordogne. C’est là que les descendants retrouveront trace d’un mariage ou d’un établissement. Ce sont les «meneuses » qui faisaient le lien entre la Manufacture et des nourrices patentées qui le Blayais. Une responsabilité bien lourde qui, à tort ou à raison, induisait une réputation douteuse. Pour les nourrissons, on peut imaginer un voyage très long, inconfortable. « Sur 19 meneuses qui venaient chercher les enfants, 7 seulement avaient des voitures suspendues. Les autres n’avaient que des chevaux, des mulets ou des ânes. Les enfants étaient placés dans des paniers attachés à un bât. » On constatait bien des décès à l’arrivée
.
Les documents administratifs laissent à penser que la stabilité n’est pas de règle. Les nourrissons changeaient souvent de gardiens. On a accusé les meneuses de trafic d’enfant. Il y a eu des rumeurs : des familles gardiennes ont été soupçonnées de faire payer l’éducation de leur propre enfant par la Manufacture. Tous les observateurs confirment que le sort des nourrissons et des enfants placés était de partager la misère des catégories les plus défavorisées de la population rurale. Quelle que soit la qualité des nourrices, beaucoup de très jeunes enfants ne survivaient pas au-delà des premiers mois, comme il peut être constaté à la lecture des registres d’état civil, à la rubrique décès, des communes d’accueil. En ce qui concerne les survivants, on peut supposer que les conditions de vie et les contraintes que subissaient les petits « bourdeaux » n’étaient guère différentes de celles des jeunes de leur âge dans un monde rural où il fallait peiner à droite et à gauche pour subsister.
A 12 ans, les familles gardiennes ne recevaient plus rien. Pour l’enfant, que ce soit un garçon ou une fille il y avait plusieurs possibilités Il ou elle pouvait rester chez famille gardienne ou être reçue dans une autre famille qui « passait une soumission » et s’engageait « à le ou la nourrir, élever soigner gratuitement jusqu’à la majorité ». Le jeune garçon ou la jeune fille devait compenser par son travail les frais qu’il ou elle occasionnait. De fait, il arrivait bien souvent qu’ils soient placés comme domestiques chez des agriculteurs. Ou bien le jeune garçon ou la fille revenait à la Manufacture.
A la Manufacture, les jeunes retrouvaient des enfants qui n’avaient pu être placés du fait de leurs infirmités ou de leur état mental, des adultes qui ne pouvant aller nulle part ailleurs y résidaient en permanence. Il y avait aussi des orphelins ou des indigents. Environ 400 personnes. Tous devaient travailler dans des ateliers – selon leurs capacités semble-t-il. Ces ateliers fournissaient tout ce qui était nécessaire pour l’entretien et le fonctionnement des hôpitaux de Bordeaux. La Manufacture tentait de placer certains jeunes en apprentissage à l’extérieur. Il arrivait que le garçon ayant acquis un certain savoir-faire dans les ateliers puisse être pris en charge par un patron. Quant aux filles, elles étaient souvent placées « en condition »
La consultation de certains des petits dossiers n’apporte aucun élément à partir d’un certain âge : fugue ? Ou autre destinée non avouable ? On disait que les filles se retrouvaient prostituées à Bordeaux. Le registre des naissances de Bordeaux fait état de naissances illégitimes dont la mère porte un patronyme pour le moins étrange.
" LA PESTE OU LE CHOLÉRA ... " 😕
Bordeaux 14 juillet 1859 > Monsieur et très honoré confrère, J'ai l honneur de vous adresser la relation sommaire d un cas de choléra algide qui vient d emporter un des élèves de l'Hospice des Enfants. Le nommé X âgé de dix huit ans employé à la boulangerie jouissait d'une bonne santé fatigué par son travail, il a bu hier une très grande quantité d'eau froide à la fontaine de l'Hospice. Dans la nuit, sans qu'il soit bien facile de préciser l heure, car l'interne n'a pas été prévenu, ce jeune homme fut pris subitement de vomissements et de diarrhée très abondants. Il se recoucha ensuite dans son lit, placé dans le dortoir des garçons, et ce matin à six heures mon interne prévenu, le trouva froid, cyanosé. Crampes, rétraction des membres inférieurs, les yeux profondément encavés le faciès altéré, le pouls petit filiforme. Les moyens les plus actifs pour déterminer une réaction furent employés par mon interne M.Cuillé, mais sans succès. A mon arrivée à l'hôpital à huit heures, ces accidents s'étaient encore aggravés, le malade s'exprimait très difficilement, la teinte cyanosée était plus prononcée, l'insensibilité des téguments très manifeste, les mains et les pieds complètement froids, les vomissements et les déjections alvines avaient cessé, le pouls était insensible douleur atroce à la région épi gastrique, rétraction de l'abdomen, urines rares. L'acétate d'ammoniaque, les teintures excitantes, les frictions aromatiques ont été employées sans succès et le malade a succombé sans présenter de réaction vers onze heures du matin. Si vous jugez ce fait encore isolé digne de figurer dans votre journal, je vous laisse libre d'en tirer le parti que vous jugerez à propos. Daignez agréer, l assurance de ma considération la plus distinguée. Dr Le Barillier .
L'eau, vecteur du choléra
EN HIVER, "CHA'PELLE" DEHORS " : LES RESTES D'ÉGLISE À "CIEL OUVERT": 😊
=> Retable de la chapelle de l'hôpital de la manufacture de Bordeaux.
L église des enfants trouvés fut fondée par Mme de Gourgues. Le retable de la chapelle fut réalisé en pierre de taille en 1758 par le sculpteur Pierre Vernet. Il disposait en son centre d'une peinture de l'assomption de la Vierge réalisée par le peintre parisien Noël Hallé (aujourd'hui au , musée des beaux-arts de Lille => Voir ci-dessous). Les panneaux latéraux sculptés représentent des chérubins portant les attributs de la passion du Christ. Il est retrouvé rue de Tauzia dans une chapelle laissée à l'abandon depuis 1881 et sauvé de la démolition en 1910 par Henri Cruse qui le déplace dans le parc de son château de la Dame Blanche, château du Taillan ou château Lavie/la Via.
LE PETIT JÉRÔME ATTEND SES PARENTS À L'ACCUEIL DE LA "GARE DES ENFANTS TROUVÉS"... 😊
Extrait du journal Sud-Ouest du Jeudi 16 août 1979
1890: Le bâtiment Sud des arrivées est sorti de terre...
Sur cette photo on peut apercevoir encore les calèches avec leur cheval & cocher, et au fond les premières voitures devant la nouvelle gare...
" NEUNUNDNEUNZIG LUFTBALLONS " !!! 😊
C'est néanmoins dans la vaste cour centrale de ce bâtiment que, le 16 juin 1784, se produisit un événement tout à fait considérable. C'est en effet de là que s'éleva la première montgolfière habitée que l'on ait jamais vue dans le ciel de Bordeaux. Depuis décembre 1783, on avait procédé, en divers endroits de la ville à une bonne demi-douzaine de tentatives de lancement de ballons de toutes dimensions. Chacune de ces expériences plus ou moins improvisées, mais très médiatisées, avait piteusement échoué. Elles avaient toutes, pourtant réuni un grand concours de peuple. Et certaines d'entre elles s'étaient terminées en émeutes furieuses de foules frustrées d'avoir payé pour ne rien voir. La tentative du 16 juin avait été beaucoup mieux préparée que les précédentes. La cour de l'hôpital avait été choisie parce qu'elle offrait un bon abri protégeant du vent et puis aussi car elle constituait un lieu clos dont on pouvait aisément contrôler les entrées en filtrant les perturbateurs turbulents que l'on avait repéré au cours des expériences précédentes. Des entrées au demeurant payantes au profit de l'hôpital. C'était un jeudi, il faisait très beau, une très belle journée de juin. Trois aérostiers prirent place dans la nacelle et après de longs et minutieux préparatifs, on vit le ballon s'élever dans les airs, les emportant tous les trois. Ils passèrent au dessus de la basilique Saint Michel, puis de la Grosse Cloche et finirent par atterrir au milieu des vignes, tout à côté de la Chartreuse. Le retour en ville de ces trois héros fut littéralement triomphal. On leur tressa des couronnes de laurier, on fleurit abondamment leur maison et diverses musiques s'improvisèrent sous leurs fenêtres pendant toute la nuit suivante...
- Sources:
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> Création de la page & publication: 13 Novembre 2019. Posté le même jour sous pseudo "Djé Karl" sur le groupe public Facebook Bordeaux Je Me Souviens: LIEN du post