L'ancienne place Fondaudège, baptisée Charles-Gruet du nom d'un ancien maire, accueille la fameuse fontaine, mais aussi la Maison du marin, ancien domicile des architectes Laclotte, et l'un des plus vieux garages bordelais.

Jusqu'en 1905, on pouvait y voir une pharmacie appelée « pharmacie du Frère Thomas ». Une « eau souveraine » préconisée dans nombre de maladies des yeux, une « eau de mélisse, cordial divin », sans compter d'autres produits des plus puissants et des plus populaires, étaient dus à un frère Thomas, apprend-on aux archives de la Mémoire de Bordeaux.

une gravure un peu grossière représentait le dominicain portant une grande barbe, ouvrant de grands yeux étonnés et offrant un flacon de son eau souveraine ». Apothicaire aux Récollets. Jean Gastelouzard, en religion frère Thomas, né à Saint-Jean-de-Luz le 8 décembre 1746, fit profession le 11 janvier 1767 aux Récollets de Bordeaux, où il remplit les fonctions d'apothicaire. Dans le mois de septembre de la même année, le frère Thomas transporte sa pharmacie au 2, place Nationale (place Gambetta). En 1798, il change à nouveau de domicile et s'installe au 23, rue Fondaudège où il reste jusqu'à sa mort, le 28 janvier 1828, continuant à fabriquer son «élixir anti-vermineux ».

Contre les vers et pour la digestion. Dans un prospectus on peut lire cette publicité étonnante et non expurgée : « Cet élixir purge très bien par bas; tue et fait sortir les vers des entrailles d'une façon assurée; évacue aussi la matière qui leur servait de nourriture; devient un très bon stomachique chaud et procure ainsi beaucoup d'appétit. Il est encore souverain pour la colique venteuse, pour les faiblesses d'estomac, pour les maladies hystériques et pour aider à la digestion. » On ignore si frère Thomas, mort très tardivement pour l'époque, à 84 ans, s'appliquait lui-même son traitement. En tout cas, sa grande forme faisait de lui une publicité bien attrayante.

(Sud Ouest Bordeaux centre, jeudi, 26 juin 2003, p. 12)