FONTAINE POITEVINE
FONTAINE D'AUSONE
QUOI: FONTAINES RUE POITEVINE / FONTAINE D'AUSONE / fontaine de l'Estey-derrière-rue-Poitevine
QUI: (?)
OÙ: Rue Poitevine (Rua Peytabina / rua Peytauina / rua Peitavina / rua Pictavinia / rua Peyteuine / rue Poitevine / cours d Alsace Lorraine)
QUAND: Création: (?), Démontée lors du percement du Cours Alsace-Lorraine en 1865.
COMMENT:
> NATURE/CONSTRUCTION: En Marbre.
> ÉTAT: Disparue.
COMBIEN: 1 exemplaire.
POURQUOI: Fournir en eau potable les habitants des rues et quartiers de Saint Pierre, Saint Siméon, Sainte Colombe, rue des Epiciers, Chapelle et Pont Saint Jean et autres rues voisines...
(Poitevine : celle-ci, qui menait à l'Ombrière, rappelait peut-être la cour des Poitevins qui entouraient les Guillaumes, hôtes habituels du Château.)
(Impasse Poitevine appelée jadis « cul-de-sac de la voûte du Peugue ». Par le mot de voûte , on entendait dans l'ancien gascon , non pas une couverture, mais un passage voûté, une arcade; et il est plus d'une fois question de celte bouta deu Peugue dans les anciens statuts municipaux.)
CONTEXTE
Le Peugue coulait autrefois sur le bord méridional de l’ancienne rue du Mû (disparue aujourd’hui) revenait ensuite un peu vers le sud est pour couper l’ancienne rue des Epiciers, suivait tout le « Cul de sac de la Voûte du Peugue » (plus tard impasse Poitevine) et de là inclinant de nouveau vers le nord-est, il baignait le mur méridional de la chapelle Saint Jean, celui de l’ancienne Bourse, passait entre deux tours rondes avant de traverser la rue Richelieu (aujourd’hui rue Ausone) et se jetait finalement dans la Garonne…
La Rue Poitevine, conduisant de la rue des Épiciers à la place de l’Ombrière, était donc située entre les murs romains (castrum) et le Peugue. Elle fut détruite pour ouvrir une portion du Cours d’Alsace Lorraine.
Il y avait dans cette rue Poitevine la fontaine dite « d’Ausone », deux hypothèses à cette dénomination:
- soit parce que l’on ait pu croire qu’elle avait été bâtie par les ordres de ce célèbre poète bordelais,
- soit que ce nom lui fut donné au cours du XVIème siècle, en souvenir du poète latin, dont la villa était, à ce que l'on croit, toute voisine.
(cette dernière fut aussi un temps confondue avec la célèbre fontaine Divone citée par Ausone dans son poème)
Appelée quelquefois également « fontaine de l Estey-derrière-rue-Poitevine », elle n’existe plus aujourd’hui car elle a été détruite lors du percement du Cours d’Alsace Lorraine.
Localisée repère 7-21 dans le plan de Léo Drouyn de 1450, elle était située en sous-sol de l’ancienne maison de Jean Puet/Puect/Puhet/Puchet (plusieurs versions existantes d’orthographe du nom…), procureur au Sénéchal, que la Ville avait finalement acquise. Cette maison devait être détruite pour être convertie en une place pour faciliter l’accès public à la fontaine. Cette fontaine était constituée de parties en marbre, avec une cuve et voutée.
CHRONOLOGIE D'ÉVÉNEMENTS RELATIFS:
- 29 août 1526: MM. le Sous-Maire, le Prévôt, Lestonac et Monier, jurats, sont commis pour voir et visiter la fontaine de l’Estey derrière rue Poitevine.
- 10 novembre 1526: M. le Prévôt rapporte que ceux de rue Poitevine entendaient que la Ville leur fit nettoyer la fontaine, contre le sentiment de MM. les Jurats qui voulaient que cette fontaine fut nettoyée aux dépens de ceux de rue Poitevine.
- 7 avril 1629: « M le procureur syndic représente que par le procès-verbal du mois de mai 1628 il était constaté que la fontaine qui était située près du ruisseau du Peugue au-dessous de la maison de Me Jean Puet, procureur au sénéchal était la fontaine d’Ausone tant renommée laquelle il requerrait être rétablie pour l’usage des habitants des rues et quartiers de Saint Pierre Saint Simeon Sainte Colombe rue des Epiciers Chapelle et Pont Saint Jean et autres rues voisines Sur quoi, MM les Jurats après avoir vu ledit procès-verbal, les offres, consentement et réquisition desdits habitants, délibèrent que sous le bon plaisir de la Cour et de M le Gouverneur de la province ladite fontaine serait nettoyée, bâtie, voûtée et remise en bon état suivant le dessein qui en serait fait par experts et gens connaisseurs ; que la maison dudit Puet serait achetée pour être démolie et convertie en une place qui servirait à ladite fontaine ; que si ledit Puet refusait de vendre ladite maison il serait présenté requête au Parlement pour l’y contraindre que les deniers nécessaires pour en faire l’achat seraient cotisés sur tous les bourgeois et habitants de la ville et que M le Procureur syndic en ferait les diligences.
- 23 mai 1629: Députation de MM. Vialar, jurat et du Procureur-syndic pour aller prier M. de Métivier, l’aîné, de faire rendre un arrêt au sujet de la fontaine d'Ausone.
- 11 juillet 1629: Ayant été rapporté en jurade qu'il y avait six à sept personnes qui travaillaient par ordre de M. de Guérin, jurat, au recurement de la fontaine d’Ausone située à rue Poitevine, sous la maison de maitre Puect, procureur au Sénéchal, il est délibéré que la Ville payerait lesdits manœuvres à 16 sols par jour.
- 11 juillet 1629: MM. les Jurats, Procureur-syndic et Clerc de Ville se transportent à la fontaine d’Ausone. Le lendemain 12 juillet MM. les Jurats firent porter une fiole d’eau de ladite fontaine d’Ausone, et ils la versèrent dans une petite balance; ensuite ils remplirent celte même fiole d'eau de la fontaine de rue Bouquière, et la versèrent dans l’autre balance : et ayant élevé la balance il se trouva que l’eau de la fontaine d’Ausone était de deux grains plus légère que celle de la fontaine de la rue Bouquière.
- 13 mai 1634: M. Puet, procureur au Sénéchal et propriétaire de la maison où était la fontaine d‘Ausone à rue Poitevine, ayant été sommé d’exhiber les titres en vertu desquels il possédait ladite maison, il représenta les avoir produits au Parlement. Sur quoi il est délibéré que, sous trois jours, il ferait aparoir lesdits titres et de la litispendance.
- 31 mai 1634: M Constans, jurat, rapporte avoir été avec MM. De Briet et Duduc, commissaires au Parlement, à la fontaine d'Ausone, située dans la rue Poitevine et bâtie d'une belle cuve et voûte, pour voir en quel état elle était; et ajoute que, comme la maison dans laquelle elle était située, appartenait à Puet, procureur au Sénéchal, et qu'infailliblement l'emplacement sur lequel cette fontaine est située était une place publique, on devait continuer les poursuites faites audit Puet à ce qu'il eût à exhiber ses titres. Sur quoi il est délibéré de faire lesdites poursuites.
Au fond de l'impasse Poitevine, dans l'axe de celle-ci, on peut aujourd'hui encore apercevoir l'arc d'une voute en pierre. Il est possible que cet arc soit l'ancienne voute au-dessous de laquelle le Peugue coulait autrefois (nommée la "voute du Peugue"), et que l'immeuble ait donc été construit par-dessus...(on peut noter d'ailleurs que les 3 marches d'accès à cet immeuble mènent à un "plancher" qui correspond au niveau au-dessus du "toit" de voute).
M'ENFIN !?
ANECDOTES ET INFORMATIONS ANNEXES
"HÔTEL OU AUTEL ?" 😊
Porte d'hôtel fin du XVIème siècle, à l'angle de la rue Poitevine et de la rue de la Chapelle St Jean (1910)
Photographie d'un cadre sculpté d'une porte en pierre de taille avec linteau, sur deux piliers, aménagée en niche - statue d'un évêque - motifs de têtes de lion sculptés... (Auteur du cliché: AMTMANN Théodore)
" Percement du cours d'Alsace et Lorraine à Bordeaux " par Pierre-Émile Bernède et Rue Poitevine...
Démolition de la rue du Peugue 1869 (Léo DROUYN) aujourd'hui le cours Alsace-Lorraine
Angle de la Rue de la Chapelle Saint Jean et vue sur la Rue Poitevine.
Rue Poitevine: Façades et plans d'habitations typiques
16-18 rue Poitevine (Toits visibles: flèches rouges ci-contre )
=> Détail de la maison N°16 Rue Poitevine (ci-dessus): Maison du SERRURIER: Mr BEAUVALLON
=> Détail de la maison N°18 Rue Poitevine (ci-dessus): Maison du MENUISIER: Mr MILLIÉ
Maisons 2-4-6 Rue Poitevine, à l'angle de la Rue de la Chapelle Saint Jean
2-4-6 rue Poitevine (2Toits visibles: flèches noires ci-dessous)
Maison de Bernard Corret au 15 Rue Poitevine, angle de la Rue d'Enfer. (vue au fond sur la Rue des Bahutiers)
Maison 33-35-37 rue Poitevine
" TAMBOUILLE DE SAVANTS DE MARSEILLE " 😊
=> UNE EXPÉRIENCE DE PHYSIQUE A BORDEAUX EN 1629
Dans l'inventaire fait en 1751 par l'abbé Baurein des délibérations, aujourd'hui perdues, de la Jurade de Bordeaux, on lit la mention suivante : 11 juillet 1629. Mrs les jurats, procureur syndic et clerc de ville se transportent à la fontaine d'Ausone. Le lendemain 12 juillet, Mr les jurats firent porter une fiole d'eau de la fontaine d'Ausone (Sur le ruisseau du Peugue. et ils la versèrent dans l'un des plateaux d'une petite balance. Ensuite ils remplirent cette même fiole d'eau de la fontaine de rue Bouquière et la versèrent dans l'autre plateau de la balance; et ayant élevé la balance, il se trouva que l'eau de la fontaine d'Ausone était de deux grains plus légère que celle de la fontaine de rue Bouquière. Des délibérations qui précèdent celles des 11 et 12 juillet, il résulte que l'initiative des magistrats bordelais fut prise à l'occasion d'un récurage des fontaines d'Ausone et de Bouquière, sises toutes deux sur le même ruisseau.
Nous ne savons rien de plus. Cette expérience repose sur l'emploi d'une méthode bien connue des physiciens, celle du flacon. Assurément elle laisse à désirer. Ceux qui la faisaient n'eurent pas l'idée de vérifier si, au sortir de la fontaine, l'eau recueillie la première était ou non à la même température que la seconde ; d'ailleurs l'instrument ad hoc, le thermomètre, faisait encore défaut. Ils se servirent sans doute d'une fiole ordinaire, dans laquelle il est difficile d'obtenir successivement deux niveaux d'eau exactement pareils. Ces deux causes d'erreur suffisent à expliquer la différence de poids trouvée, soit 2 grains = 1 décigramme 062 : différence assez considérable, même si l'on admet, comme contenu de la « fiole », de 150 à 200 centimètres cubes d'eau. Il est clair qu'une autre raison de cette différence ne saurait être invoquée, par exemple la présence de sels en excès dans l'eau plus lourde de la fontaine de Bouquière, puisque les deux sources provenaient du même courant souterrain. Mais l'expérience imparfaite que tentèrent les magistrats bordelais a pour, intérêt principal sa date elle-même: 1629. Rappelons que les poursuites et la condamnation dirigées contre Galilée sont de 1616-1617; que Bacon a publié son Novum Organum en 1620; que Torricelli a créé le baromètre en 1643 : c'est en 1644 qu'il en annonçait la découverte au P. Mersenne.
L'histoire si généralement connue des fontainiers de Florence et de leurs observations avait peut-être incité nos jurats à expérimenter eux aussi, — à la vérité dans un autre ordre d'idées et au sujet d'un autre principe, celui d'Archimède.
Notons enfin que plus près d'eux, à Toulouse, travaillait alors Fermât (1608-1661), grand mathématicien, mais aussi physicien, comme en témoigne le principe sur la lumière qu'il a établi. L'expérience scientifique était de mode. Il faut bien qu'il en fût ainsi pour qu'il vînt à l'esprit d'en instituer une, non à des professeurs ou à des savants, mais aux jurats de la municipalité bordelaise. Sans aucun doute, ils étaient instruits des tentatives analogues qui se produisaient ailleurs. Notre texte prouve l'intérêt que l'on attachait en France et à Bordeaux aux questions de ce genre.
"LES PETITS RUISSEAUX FONT LES GRANDES RIVIÈRES" 😊
=> Ci-dessous des vues du Peugue au niveau du Fort du Hâ (École de Magistrature) et son ancien débouché sur le Port...(ainsi que son déversoir tel qu'il est aujourd'hui...)
"BIZARRE... VOUS AVEZ DIT BIZARRE ...? " 😊
Partant du "Vieux Marché" (aujourd'hui Place Fernand Lafargue) on retrouve une "ouverture", communicante (ou pas?), avec un dessin de 2 traits parallèles en fond de rue, et ayant apparemment plusieurs noms: "Acqueduc" ou Rue de la Galiniére ( Rue "Galineira" / rueta la "Gualineyra": une volière à poules)
"Vous...Ne...Passerez... Paaaaaaaaaasssssssssssss...!!!" 😊
Voilà 10ans que les Google cars passent devant, mais jamais aucune ne s'aventure dans cette impasse Poitevine...!!!
"Plus de 280 ans d’âge, elle s'est bien soignée...et sait bien soigner" 😊
Il s’agit de la plus vieille pharmacie de Bordeaux. Elle est aussi la plus vaste.
Presque trois siècles. 1729, la famille Fosse crée l’enseigne à proximité de la rivière Peugue, malodorante, pas encore canalisée et pas encore recouverte par le cours Alsace-Lorraine qui remplacera plus tard un entrelas de rues anciennes. On pénètre alors dans la pharmacie François par la rue du Pas-Saint-Georges, qui s’appelait « rue des Epiciers ». Lorsque le cours d’Alsace est créé, en 1865, la pharmacie prend son visage actuel, décoré et boisé, dominé par l’horloge créée par Guignan, le rénovateur de la Grosse-Cloche. La famille Fosse invente des médications originales, des médications de proximité, comme l’hépascol, » l’Hépascol François « à base de feuilles d’artichauts de Macau, qui soulage les maux gastriques et les maladies de foie. Gros succès jusque dans les années 30 ! Recette transmise par les paysans du médoc humide : les pauvres bougres utilisaient les feuilles d’artichauts réduites en poudre pour guérir des fièvres intermittentes ou comme fébrifuge…Ils combattaient aussi la jaunisse avec une décoction de feuille d’artichaut et de vin blanc !
"Le Passe-Murailles" 😊
A deux pas de l'impasse Poitevine, à l'angle du Cours Alsace-Lorraine, on remarquera un beau portique...
=> au deuxième étage...!!!😊
- Sources:
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> Création de la page & publication: 12 Février 2019. Posté le même jour sous pseudo "Djé Karl" sur le groupe public Facebook Bordeaux Je Me Souviens: LIEN du post