FONTAINE FIGUEYREAU

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  • QUOI: FONTAINE FIGUEYREAU / fontaine au Figuier / Fontaine Figuereau / fontaine Figuerol / fontaine figueyrols / Fons Higuerolii / Higueyreau.

  • QUI: Construction: (?), Restauration par l'architecte Gabriel-Joseph DURAND en 1832.

  • : 63 Rue Laroche, devant le collège Cassignol (site principal Laroche) - Quartier des Chartrons.

  • QUAND: Sa présence est attestée dès le XIIe siècle. Un premier édifice fut construit en 1574 pour protéger la source, s'en suivront de multiples interventions à travers les siècles pour consolider l'édifice.

  • COMMENT:

> NATURE/CONSTRUCTION: 2 édifices successifs en pierre: Le 1er de forme pyramidale, puis le second en forme de petit temple néo-classique.

> ÉTAT: Toujours existante, accessible aux heures d'ouverture des grilles du collège, mais hors d'eau.

  • COMBIEN: 2 édifices.

  • POURQUOI: Une source parmi les plus anciennes de Bordeaux qui doit son nom à son environnement où poussaient de nombreux figuiers ("higuèir", "higuèr", "Higuey" en gascon). Elle alimentait les habitants du quartier au Moyen Age.

  • LOCALISATION

Coordonnées GPS: 44.85222, -0.58482.

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  • HISTORIQUE ET DESCRIPTION

Rue Laroche, derrière le jardin public, un petit bâtiment aux allures de petit temple abrite la très ancienne fontaine de Figueyreau, également appelée la "fontaine au Figuier". Jusqu'au début du XVIIIe siècle, il est question du chemin du Figueyreau, signalé comme défoncé, boueux ou poussiéreux selon la saison... mais très fréquenté, puisqu'il mène à la fontaine de Figueyreau, "où poussent les figuiers".

Son eau réputée "pure et savoureuse" était appréciée de toute la ville.

Il fut placé à l'entrée une longue inscription latine, dans laquelle il était dit que cette fontaine appelée "Fons Higuerolii", avait été anciennement découverte dans un champ planté de figuiers (en gascon "higueys"), d'où elle avait pris son nom. L'arbre qui a donné son nom à l'endroit a disparu depuis longtemps, mais la source coule toujours.

L'eau fut canalisée lors de la construction d'un premier édifice construit en 1574 pour protéger la source, et restauré en 1623.

La première fontaine bâtie au XVIe siècle, est connue grâce à une aquarelle de Pierre Brun (voir plus bas). Il s'agissait d'un petit édifice de forme pyramidale. La façade de cette fontaine présentait autrefois le millésime 1623, accompagné de trois fleurs de lys, et les armes de Bordeaux.

D'abord utilisée par les gens du quartier Saint-Seurin, l'eau de la fontaine de Figueyreau entra dans le réseau commun de distribution. On apprend par la Chronique qu'en 1624 les jurats firent conduire les eaux de cette fontaine à la rue du Chapeau-Rouge et sur la place Saint-Projet.

En 1632 la source est cavée.

En 1672, ils ordonnèrent des réparations aux canaux de la même fontaine, et firent faire tout auprès un grand lavoir public couvert, que remplissait le superflu des eaux qui s'écoulaient des tuyaux de Figueyreau. La face postérieure (sur un des piliers du local réservé aux lavandières) reçut l'inscription suivante : AU MOIS DE JUILLET 1672, LA FONTAINE FIGUEYREAU A ÉTÉ RÉTABLIE ET FUT FAIT UN LAVOIR PUBLIC, ÉTANT JURATS MM. MALLET, L'HOUSTEAU, PONTELIER, SABATIER ET VALOUX. (La construction de ce lavoir nécessita l'acquisition par la ville, au sieur Jean Amelin, curé de Saint-André, d'une pièce de terre voisine).

(1673, 29 juillet. — Délibération par laquelle MM. les Jurats déchargent le sieur Sabatier, jurât, de la somme de 3,858 livres 14 sols 6 deniers, qui luy restoit en main de la recette qu'il avoit fait des droits des grains, en par luy donnant à M. de Ponthelier, jurât, la somme de 1,000 livres, pour partie des frais faits au lavoir de Figueyreau, et remettant le surplus au Trésorier.)

Un procès-verbal, daté de 1784, décrit cette fontaine comme suit : «Du côté du chemin du Médoc, à 500 toises du mur de ville; isolée sur ses quatre faces, donnant par cinq tuyaux, jaillissant jour et nuit, cent douze pintes d'eau par minutes ; trois de ces tuyaux ou cannelles placés dans la face do levant, et ayant leur défuite ou décharge dans le lavoir public appartenant à la ville, qui est à peu de distance, et les deux autres cannelles du côté du nord, dans le lavoir du sieur Grelet, ancien capitaine de navire, à côté de ladite fontaine; ces deux cannelles fournissant la même quantité d'eau que les trois premières. A ces fontaines s'alimentent trente-cinq tonnes portées par des charrettes, et contenant chacune quatre cent quatre-vingt-dix pintes ou deux barriques bordelaises; elles sont remplies à bras, à l'aide de seaux.»

Le lavoir de Figueyreau tombait en ruine depuis 1790 (la toiture de ce lavoir étant tombée de vétusté), il fut complétement démoli en 1825 (le terrain sur lequel il s'élevait la été vendu, et on y a fait construire diverses maisons), et toute l'eau disponible fut affectée aux marchands. La même année, comme l'édifice était dans un état déplorable et les abords malcommodes, l'ingénieur hydraulique Gabriel-Joseph Durand dû consacrer un important budget à des travaux de consolidation et d'entretien.

Ce premier petit édicule vétuste, ébranlé par les mouvements des pompes à bras, nécessita une complète restauration par l'architecte Gabriel-Joseph DURAND en 1831/1832, qui lui donna une forme de petit temple néo-classique. Les travaux prirent 45 jours. Il fit réaliser un réservoir supérieur, situé à l'intérieur de la construction le long des murs d'enceinte, à environ 2,30m du sol, permettant d'augmenter la pression de l'eau. Les murs furent élevés sur les anciennes fondation. Les moulures, corniches et frontons ainsi que les 3 arcs doubleaux furent réalisés en parpaing de pierre dure venant des matériaux de démolition de la fontaine précédente. Le réservoir supérieur, construit en pierre dure, courrait le long des murs intérieurs et soutenu par 16 consoles. Le toit était quant à lui composé de pierres plates posées à recouvrement (les seules à ne pas venir de l'ancien édifice).

Et l'on y a établi un appareil propre à remplir les tonnes dans lesquelles des marchands transportent l'eau vendue quotidiennement à Bordeaux. Un mascaron à tête de lion sera ajouté sur son côté.

La quantité considérable de ces tonnes prouve que la fontaine de Figueyreau est très abondante (Cette source naturelle fournissait 7 à 8 pouces fontainiers). Le faible nombre de fontaines à Bordeaux était compensé par plus d’une quarantaine de puits publics et autant de privés.

Rares étaient les secteurs urbains qui étaient éloignés de plus de 200 m d’un point d’eau. Malgré cela, pour faciliter le transport de l’eau jusque dans les étages des habitations, une corporation de porteurs-marchands d’eau fut créée en 1755 et perdura jusqu’à l’implantation des bornes-fontaines en 1857.

Le débit de la source Figueyreau était tel, qu'une véritable industrie de marchants d'eaux s'installa afin de distribuer l'eau dans les quartiers de la ville à l'aide de tonneaux.

  • PLANS


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  • M'ENFIN !?

ANECDOTES ET INFORMATIONS ANNEXES

  • PLANS DE SITUATION DE LA FONTAINE

  • "TREMPER LA VERGE POUR AVOIR DES GOUTES"... ROOOOOOOOOOOOOOOOOOO !!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!! 😊

Dans les temps de sécheresse, le clergé de Saint-Seurin se rendait processionnellement à la fontaine de Figueyreau et plongeait dans les eaux le "bâton de Saint Martial" ("l'apôtre de la Guyenne"). On apprend par une Notice sur l'église Saint-Seurin, publiée en 1840, que le bâton de ce saint est plus puissant que la verge de Moïse😊. C'était un fragment du bâton pastoral de Saint Martial, renfermé dans une châsse d'argent, longue d'environ un demi-mètre et ayant la forme d'un bras. Ce reliquaire s'appelait la "Verge de Saint Martial"😊. Bâton remis par Saint Pierre lui-même à Saint Martial. Le protocole pour attirer la pluie devait être scrupuleusement respecté. Lors d'une grande sécheresse, la procession (dite "procession de la Verge") partait de Saint Seurin, des chants et des prières accompagnaient la précieuse relique qui devait être posée sur une nappe d'autel étendue au-dessus de l'eau par 4 chanoines, de manière à ce qu'elle pût être légèrement mouillée. Elle restait ainsi suspendue sur l'eau pendant qu'on chantait certaines prières composées pour cette cérémonie. Il ne fallait surtout pas faire tomber le bâton dans l'eau sous peine d'inondation😊. Dans les cérémonies de 1679, 1691, 1693, 16 Septembre 1696, 9 août 1705 et notamment le 16/17(?) mai 1716, la pluie fait son apparition, "laissant à peine le temps de la procession le temps de se retirer"😊. Le bâton de Saint Martial disparaîtra (détruit/volé) au cours de journées révolutionnaires de 1789.

Dans la Description des principaux lieux de France, Dulaure dit que du temps des premiers Ducs d'Aquitaine, la verge de saint Martial appartenait anciennement aux habitants de Limoges; que ceux de Bordeaux la leur ayant empruntée, refusèrent ensuite de la rendre. Les Limousins massacrèrent alors les otages que les Bordelais leur avaient envoyés pour garantir la remise de la relique prêtée, et que ces otages, donnés comme étant des jurats de Bordeaux, furent reconnus pour être des portefaix de cette ville.

D'autres auteurs prétendent que la verge de saint Martial fut empruntée à Limoges pour chasser un dragon monstrueux, cantonné dans une tour vers le centre et du côté oriental de la rue du Canon (connue aussi autrefois sous le nom de "Tour du Dragon"). Ce dernier faisait de grands ravages à Bordeaux: du haut de cette Tour, le Dragon menaçait de souffler la peste sur Bordeaux si les habitants ne lui envoyaient pas tous les dimanches une jeune fille, qu'il dévorait dans le courant de la semaine😊. Une de ces victimes parvint à apprivoiser le monstre et apprit de lui qu'on pouvait le forcer de quitter son réduit en lui présentant un fragment de la crosse pastorale de Saint Martial. La jeune fille écrivit cette nouvelle sur une tuile qu'elle jeta du haut de sa prison. Une fois la relique portée processionnellement devant la tour, à sa vue, le Dragon se précipita bonnement dans la Garonne et Bordeaux fut préservée pour toujours de sa présence...😊

Les habitants de Bordeaux gardèrent la relique, lorsqu'ils découvrirent qu'elle avait la vertu de préserver facilement leurs vignes des malheurs d'une extrême sécheresse.


  • LAVER SON LINGE SALE EN PUBLIC...😊

Par un règlement de police du 19 juillet 1645, il fut défendu de laver lessive ou linge à Figueyreau, sous peine du fouet on d'être attaché au pilori, et de perdre le linge en faveur de l'hôpital.


  • METTRE DE L'EAU DANS SON ...

En pleine Terreur, l'eau de Figueyreau était aussi employée à laver soit la guillotine, soit les abords immédiats de la sinistre machine. (Fteg. des arrêtés du Bureau principal. Au sieur Figarol, syndic, revenait le soin de percevoir les mandats délivrés à cet effet, D. 131. Figarol, syndic en 1790, l'était encore en 1795 -19 pluviôse).


  • BIEN MAL ACQUIS NE PROFITE JAMAIS...

De temps à autre, des usurpations sur la chose publique avaient lieu; mais elles étaient d'autant plus sûrement réprimées, que le parlement et les jurats, presque toujours en lutte, cherchaient l'un et l'autre à en connaître. C'est ce qui eut lieu la même année, au sujet d'un sieur Couralet, qui avait détourné les eaux, les avait attirées sur sa propriété, et avait installé, aux dépends de la fontaine de Figuereau et de la ville, un lavoir pour lequel il percevait un prix de plaçage. Le parlement allait s'en mêler et poursuivre le délit , lorsque les jurats intervinrent , s'opposant à la procédure du parlement (18 juillet 1672 )


  • TRAVAUX D’UTILITÉ PUBLIQUE

18 Juillet 1872: MM. de Mallet, de Ponthelier, Vallous, jurats, Procureur-syndic et Clerc de Ville rapportent avoir été chez M. le maréchal d'Albret, et de son ordre chez M. le Premier Président, où étaient deux conseillers et M. le Procureur général; que ledit sieur Premier Président avait dit qu'il était nécessaire d'aller à Figueyreaux pour faire voir à la Cour l'état d'un ouvrage aussi important que celui de la fontaine, pour le régler et niveler, pour qu'à l'avenir il n'y fut rien altéré, entrepris, ni usurpé; que s'étant rendus tous ensemble sur les lieux, ils avaient examiné le bâtiment de la fontaine, les endroits où étaient ci-devant les canaux tant au levant qu'au nord et qu'après avoir vu l'endroit du levant où était tracé le bassin du lavoir, le fossé par où se devaient écouler les eaux du côté du nord, la clôture du jardin de la veuve Porcher et Daniel Couralet, son gendre, la largeur des chemins qui sont au-dessus et au-dessous de ladite fontaine le long des possessions desdits Porcher et Couralet, les fossés qui sont au-dessus du côté du couchant, et sur le tout ayant été prise mûre délibération, a été résolu et jugé à propos que vers le pignon de la fontaine où il y a deux canaux posés à neuf du côté du levant (et a été aussi arrêté qu'on mettrait un autre canal au milieu des deux du même côté du levant, faisant le nombre de trois canaux en tout), il sera fait un repos de pierre dure, de la longueur du bâtiment et de largeur de quatre pieds, pour la facilité du puisage; qu'ensuite tirant toujours sur le levant, il serait fait un lavoir pavé de carrelage, entouré de pierres dures, avec agrafes de la longueur de seize pieds, avec les deffuites nécessaires, sauf en cas que ledit Courallet voulût recevoir les eaux par le lavoir et faire la deffuite dans son fonds ; auquel cas il s’engagerait d'empêcher que les eaux de ladite fontaine ne refoulassent au lavoir d'où elles doivent sortir, ni qu'elles n’incommodassent pas le chemin; que depuis le lavoir, tirant toujours le long du chemin de Bordeaux vers le levant, le fossé commençant près la maison dudit Couralet sera comblé durant trente deux pieds le long du chemin vers le levant, pour faciliter le passage des charrettes et rendre plus accessible ledit lavoir ; que les chemins auront du moins quinze pieds de largeur; qu'entre le commencement du jardin dudit Couralet, près de sa petite maison nouvellement construite près de la fontaine, il sera laissé quinze pieds d'espace depuis le coin dudit jardin jusqu'au pied de la muraille qui sépare la possession dudit Couralet dans le tènement de la veuve Pipaut.

  • DISTRIBUTION DES EAUX DE LA FONTAINE FIGUEYREAU

  • DOCUMENTS RELATIFS AUX TRAVAUX

  • PROJET DE BARAQUE EN BOIS POUR REMPLACER LA FONTAINE PENDANT LES TRAVAUX (Mars-Avril 1831)


  • DOCUMENTS RELATIFS A LA PROPRIÉTÉ DE LA FONTAINE ET SES DÉPENDANCES

  • RIFIFI A LA FONTAINE FIGUEREAU (1826)

  • Sources :
- Projet général et documents pour l’établissement d’un nombre suffisant de fontaines dans la ville de Bordeaux.DURAND, Gabriel-Joseph (1829)- INVENTAIRE SOMMAIRE DES REGISTRES DE LA JURADE 1520 a 1783- HISTOIRE DE BORDEAUX DEPUIS LES ORIGINES JUSQU'EN 1895 PAR CAMILLE JULLIAN- COMPTE-RENDU DES TRAVAUX DE LA COMMISSION DES MONUMENTS ET DOCUMENTS HISTORIQUES ET DES BÂTIMENTS CIVILS DU DÉPARTEMENT DE LA GIRONDE, PENDANT L'ANNÉE 1850-51.- Le Grand Journal de Bordeaux, Histoire des Maires de Bordeaux- Le Viographe Bordelais, REVUE HISTORIQUE DES MONUMENTS DE BORDEAUX, par Bernardau,(1844).- Histoire de Bordeaux depuis l'année 1675 jusqu'à 1836, par Pierre Bernardau, TOME 1er.- BordeauxPhotoPassion- Aqueducs et fontaines de Bernadette Lacroix-Spacenska- https://www.retronews.fr/journal/la-france-de-bordeaux-et-du-sud-ouest/16-mai-1941/1113/2960863/3?from=%2Fsearch%23allTerms%3D%2522fontaines%2522%2520%2522tourny%2522%26sort%3Ddate-asc%26publishedBounds%3Dfrom%26indexedBounds%3Dfrom%26page%3D7%26searchIn%3Dall%26total%3D165&index=160- Archives du Journal Sud-Ouest du 1954_08_25- Archives de Bordeaux Métropole
Taille du dossier de la fontaine Figueyreau aux Archives de Bordeaux Métropole !!!
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> Création de la page & publication: 22 Janvier 2018. Posté le même jour sous pseudo "Djé Karl" sur le groupe public Facebook Bordeaux Je Me Souviens: LIEN du post